COP25 : un triste bilan

Bonjour à tous et merci d’être là aujourd’hui !

Comme vous le savez, la COP25 s’est achevée dimanche 15 décembre à Madrid, avec quarante-deux heures de retard. Il est désormais temps d’en faire le bilan.

Rappelons l’enjeu principal de cette conférence : préparer la COP 26 de Glasgow en obtenant dès à présent qu’un maximum de pays élèvent le niveau de leurs ambitions climatiques.

A l’arrivée, les 195 participants ont laborieusement produit un texte dont on ne sait s’il faut en rire ou en pleurer. En effet, voici les deux maigres propositions retenues après de multiples délibérations :

« mettre l’accent sur l’urgence à augmenter l’ambition »

 « encourager les Etats à utiliser l’opportunité de 2020 pour refléter l’ambition la plus forte possible ».

L’urgence à augmenter l’ambition ? Quelle merveilleuse façon de dire qu’on remet une fois de plus les décisions sine die !

Mini avancée quand même : sur les 195 participants, 80 pays se sont engagés à rehausser leurs engagements d’ici à la COP26 de Glasgow. Malheureusement, ces pays à eux tous (pays européens, petits états insulaires, africains et latino-américains) ne représentent que 10,5% des émissions mondiales de CO2, alors que les plus grands émetteurs (Chine, Etats-Unis, Inde, Brésil, Australie) n’ont donné aucun signe de bonne volonté.

La COP25 devait aussi régler un épineux problème laissé en suspens par la COP24 : la mise en place de l’article 6 de l’accord de Paris, prévoyant une régulation du marché mondial du carbone. Complètement divisés sur ce point, les pays n’ont finalement abouti à aucun accord.

Enfin, il avait été dit que la COP de Madrid serait une « COP bleue » mettant l’accent sur le rôle des océans dans la lutte contre le changement climatique. A l’arrivée, les différents médias n’en disent pas un mot. Ce sujet a-t-il même été discuté ?

Côté français, on ne peut que souligner le désengagement d’Emmanuel Macron que n’ont pas compensé les maigres apparitions des autres membres du gouvernement : Edouard Philippe, accompagné par la secrétaire d’Etat Brune Poirson, n’a fait qu’un aller-retour d’une demi-journée à l’ouverture de la COP ; quant à la ministre de la transition écologique et solidaire, Elisabeth Borne, elle s’est contentée d’une présence de vingt-quatre heures au cours de la deuxième semaine… C’est pourtant bien de l’Accord de Paris, pas l’accord de Berlin ou de Tokyo dont il était question, non ?

Vous l’aurez compris, le bilan de cette COP est des plus décevants. Déplacer tant de monde à grand renfort d’avions et d’émissions de CO2 pour accoucher d’une si petite souris, n’est-ce pas pathétique ! De nombreuses personnalités, associations et médias ont exprimé leur déception avec plus ou moins de force :

« Je suis déçu  du résultat de la COP25. La communauté internationale a perdu une occasion importante de faire preuve d’une ambition plus grande. » (Antonio Guterres, secrétaire général des Nations unies)

« L’esprit positif qui a donné naissance à l’accord de Paris semble être un lointain souvenir aujourd’hui » (Helen Mountford, vice-présidente du think tank américain World Resources Institute)

 « La COP25 s’est terminée dans la douleur, avec quarante-deux heures de retard, laissant le sentiment que la communauté internationale est incapable de se hisser à la hauteur des enjeux, avec des Etats empêtrés dans des querelles sans fin, des marchandages constants, des reculs et des remises en question de l’état de la science. » (Le Monde)

« Les gouvernements doivent repenser complètement la manière dont ils s’y prennent, car le résultat de cette COP, marquée par un délit de fuite des puissantes économies du carbone, est totalement inacceptable. »(Jennifer Morgan, directrice exécutive de Greenpeace)

Et je terminerai en laissant la parole à la jeunesse, à juste titre inquiète pour son futur et venue à Madrid des quatre coins du monde pour se faire entendre.

« Quel type d’avertissement, quel type de preuve scientifique nos dirigeants attendent ? » (Luisa Mneubauer, l’une des fondatrices des Fridays For Future).

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Sources :

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