L’inquiétante fonte du pergélisol

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Puisque vous êtes préoccupé par l’évolution climatique de la planète, vous avez sûrement entendu parler du pergélisol, ou permafrost en anglais. Je vous propose de faire aujourd’hui le point sur ce sujet bien inquiétant.

Le pergélisol désigne de vastes étendues de sols gelées en permanence. Situées principalement en Alaska, Canada et Sibérie, elles représentent un quart des terres émergées de l’hémisphère nord.

Avec le changement climatique en cours, le permafrost se réchauffe beaucoup plus vite que prévu et commence à fondre, ce qui constitue une terrible menace pour la planète, à la fois parce cette étendue de terres gelées renferme d’énormes quantités de gaz à effet de serre et parce qu’elle constitue un dangereux réservoir de virus.

Un énorme réservoir de gaz à effet serre

Le pergélisol renferme quelque 1 600 milliards de tonnes de carbone d’origine végétale, issu essentiellement de la décomposition partielle des végétaux. Il s’agit du plus gros réservoir de carbone continental de la planète, devant les réserves de combustibles fossiles que sont le pétrole, le gaz et le charbon !

C’est ainsi qu’en dégelant, le pergélisol libère dans l’atmosphère d’énormes quantités de CO2.

Parallèlement se produisent des émissions de méthane, un gaz à effet de serre 25 à 30 fois plus réchauffant que le CO2, et de protoxyde d’azote, au pouvoir réchauffant 300 fois plus important que le CO2.

Comme si ce n’était pas assez, des chercheurs américains ont récemment montré que les émissions de protoxyde d’azote par le pergélisol pourraient être 12 fois plus importantes que prévu. Une nouvelle particulièrement inquiétante lorsqu’on sait que la durée de vie du protoxyde d’azote dans l’atmosphère est très longue.

Au total, il faut retenir que le pergélisol a entamé sa fonte depuis plusieurs années, bien plus tôt que ce qui était prévu, et va libérer progressivement des quantités astronomiques de GES, plus importantes encore que ce qui était prévu. Ce faisant, il va accélérer le réchauffement climatique, lequel accélérera à son tour la fonte du pergélisol, en un inexorable cercle vicieux. On peut dire qu’il s’agit d’une véritable « bombe climatique », avec à la clé un réchauffement planétaire encore plus important et rapide que prévu, largement sous-estimé par les modèles climatiques.

Un dangereux réservoir de virus

Le pergélisol en cours de dégel peut être considéré, non seulement comme une bombe climatique, mais aussi comme une boîte de Pandore dont l’ouverture constituerait une très grave menace sanitaire.

Ces étendues arctiques de terres gelées abritent en effet des bactéries et des virus parfois oubliés. C’est ainsi qu’en 2014, une équipe de chercheurs de l’Université d’Aix-Marseille ont découvert dans le pergélisol sibérien deux nouveaux virus géants datés de 30 000 ans, qu’ils ont réussi à réactiver. Ces deux virus-là étaient inoffensifs pour l’homme, mais d’autres beaucoup plus embêtants pour les plantes, les animaux ou l’être humain pourraient se réveiller à la faveur du dégel du pergélisol.

La menace est d’autant plus importante que le changement climatique favorise l’accessibilité et l’exploitation industrielle des régions arctiques, convoitées pour leurs ressources minières et pétrolières. Si on exploite ces sous-sols en les bousculant en profondeur, on court un risque encore plus grand de réveiller un jour de dangereux virus… une perspective à laquelle la crise du COVID-19 ne nous sensibilise malheureusement que trop.

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